être re-sensible, une série sonore

Et si déployer autrement notre attention, notre souffle, nos mouvements, nos états de conscience, pouvaient renouveler nos relations au vivant et au réel ?
Et si, face au dérèglement climatique, à ses impacts sociétaux et sanitaires, aux militances que ceux-ci peuvent générer, la re-sensibilisation pouvait être une voie politique ?


Si la question des récits est cruciale pour inspirer d’autres imaginaires tournés vers la résilience, celle des expériences physiques l’est tout autant pour éprouver nos capacités d’agir, pour faire corps individuellement et collectivement. 

Il s’agit de redéfinir le concept de corps, de ré-ensemencer ce qui, depuis la perception, la sensation, constitue le terreau d’une connaissance incarnée, d’une empathie kinesthésique qui mobilise tous les sens et donne du sens à nos mobilisations.

Qu’en est-il de notre capacité à être « physiquement » au monde, à la fois occupé·es par un mental survalorisé et sollicité·es par les stimuli des écrans et des médias qui encombrent nos canaux de perception ?
Face aux changements, l’humain devra probablement se relier à des compétences négligées. Regagner ce champ du sentir pourrait-il soutenir nos re-positionnements dans cette crise que nous traversons ? (Est-ce seulement une crise ?)

Nous tentons de penser l’interaction de l’humain à son écosystème en mutation et de proposer des pratiques attentionnelles et sensibles, des tentatives poétiques de remodeler notre rapport physique et psychique au monde, non pour s’adapter mais pour vivre, individuellement et collectivement. 

En interrogeant la possibilité que nos états de corps influencent nos perceptions du réel et nos actions, nous récoltons la parole et l’expérience de citoyen·nes, artistes, praticien·nes du souffle et du mouvement, chercheur·euses en neurosciences et sciences humaines. Avec elleux, nous proposons d’exercer nos capacités à sentir, à observer, à goûter, à toucher et à être touché·e, à entendre, à discerner, de façon très concrète.

La série sonore est un chemin de pensée qui, depuis l’attention, avec le mouvement et avec le souffle, nous mène vers l’exploration d’un état de conscience non-ordinaire. Chaque épisode, autonome, combine une parole artistique, une expérience citoyenne et une mise en perspective scientifique ou philosophique au travers d’entretiens, d’immersions sonores, de pratiques guidées et de lectures de textes. 

conception, écriture Mélanie Jouen · co-réalisation Mélanie Jouen & Julia Passot · montage sonore Sofia Pavanini · identité visuelle : Anne-Sophie Noël · musique générique Oiseaux de Laurent Bardainne & Tigre d’Eau douce, feat Bertrand Belin
production La Turbine avec le soutien de la Fondation Daniel et Nina Carasso et la Ville de Nantes

les épisodes sont à écouter en ligne sur le site de La Turbine (cliquez sur les titres ci-dessous pour y avoir accès) ou sur votre plateforme de podcast.

ÉPISODE 1 : L’ATTENTION
“Ce que je vois me cache ce que je ne vois pas” : Cette phrase de l’artiste Johann Le Guillerm, entendue il y a quelques années, m’a fait réaliser que mon attention est biaisée. Pourquoi est-ce que l’on voit ce qu’on voit ? Est-ce qu’on peut s’entraîner à percevoir ce qu’on ne perçoit pas au premier regard ? Et avant toute chose, quelle définition accorder aujourd’hui à l’attention ? Ces questions m’amènent à interroger comment affranchir l’attention des captations médiatiques et sociales, ou plutôt si l’on peut faire avec, pour tenter de saisir avec acuité les enjeux du monde.
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avec les propos d’Yves Citton (philosophe, professeur de littérature et des médias, auteur de Pour une écologie de l’attention) et de Chloé Moglia (artiste suspensive) 
exercice d’attention extrait des Exercices d’observation de Nicolas Nova (Premier Parallèle, 2022)

ÉPISODE 2 : LE MOUVEMENT 
« Ce ne sont pas les raisons qui font les révolutions, ce sont les corps. Et les corps sont devant les écrans ». En 2017, dans un ouvrage intitulé Maintenant, le Comité Invisible regrettait l’isolement et l’engourdissement des corps, pris dans les dispositifs médiatiques et économiques. Quelles sont les mobilités individuelles disponibles pour les mobilisations collectives ? Quels imaginaires dessinent nos mouvements ? Si nous devons revoir notre dépendance aux énergies, nous allons devoir marcher, pédaler, cueillir, planter, pétrir, bref, faire autrement…
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avec les propos dAgathe Philbé (professeure de mouvement) et Emma Bigé (philosophe, danseuse, autrice de Mouvementements, Écopolitiques de la danse) et Francis Gianfermi (chercheur d’états de conscience, professeur de hatha yoga)
pratique méditative mobile, La petite Danse d’après Steve Paxton, écrite par Emma Bigé

ÉPISODE 3 : LE SOUFFLE  
Respirer est la fonction biologique conditionnelle de tout être vivant, des bactéries qui nous habitent aux champignons avec lesquels on cohabite. La respiration devrait donc être inconditionnelle. Tout être vivant devrait avoir le droit de respirer un air sain, de reprendre son souffle, de ne pas manquer d’air. L’activité humaine affecte la santé de la Terre qui, par conséquent, affecte la santé humaine, à commencer par l’une de ses fonctions vitales : la respiration. Est-ce que respirer autrement peut changer la face du monde, l’air du temps ?
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avec les propos de Marine Chesnais (chorégraphe, apnéiste, professeure de yoga) et Alexandre Robert (infirmier en Santé planétaire) et les témoignages de Marie et Adeline, exercice de suspension du souffle guidé par Mélanie Jouen, musique additionnelle : CircleSong Two de Bobby Mc Ferrin & Voicestra.

ÉPISODE 4 : LA CONSCIENCE
Dans les trois premiers épisodes de notre série sonore, nous avons mis au travail l’idée que quitter l’aspect considéré comme “ordinaire” de nos attentions, de nos mouvements, de nos souffles peut moduler nos systèmes nerveux, influencer nos perceptions du réel, nos interactions avec les autres êtres, humains ou non-humains, visibles ou non. Dans ce dernier épisode, nous nous demandons en quoi ces modulations peuvent dé-chaîner la conscience que nous avons de notre condition humaine, au sein du bouleversement planétaire ?
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avec les propos d’Audrey Breton (chercheure en neurosciences, codirectrice de l’Institut de Recherche TranceScience), Simon Mayer (chorégraphe, interprète, pédagogue), Hannah Shakti Bühler (chorégraphe, interprète, pédagogue), Francis Gianfermi (professeur de yoga), un extrait de Sagesse des lianes, Cosmopoétique du refuge, 1 de Dénètem Touam Bona (Post-Éditions, 2021) et les témoignages de Marie et Antoine.
traduction et doublage : Sofia Pavanini / musiques : Albert Sonori, Ana Roxanne, La Grande folie San Salvador